• Dans la pièce, elle est seule. On pourrait même dire qu'elle occupe toute la scène. Il y a de la musique en bruit de fond. The Universal, de Blur.
    Avant, au théâtre, peut être toujours maintenant, il y avait de vrais instruments, de vrais chanteurs, que l'on aurait put toucher du bout des doigts. Ici,ça à changée. Ici, la musique, elle sort de la petite chaîne I-FI calée dans un coin.
     

    Mais tout cela n'a rien à voir avec ce qui se passe. Rien. Et elle s'en fout, parce que comme disait l'autre, toi, tu emmerde souvent le monde, mais c'est avec classe. Alors elle l'emmerde, ce petit monde, tas de spectateur d'une scène banale, d'une vie banale sans aucun véritable intérêt, mais avec classe.
    L'air de la chambre est lourd et épais. Il comporte trop de choses, trop de pensées insaisissables, parce que omniprésentes.
     
    Elle se dirige vers la fenêtre . Il fallait pour elle la casser, cette plaque de verre, mettre un terme à ces barrières. Il fallait qu'elle respire.
    L'air froid s'engouffre de suite, giflant ses joues déjà si rouges. Ca fait tant de bien, ce petit vent frais ! Eau de jouvence à l'état gazeux!
     Elle décale le lourd fauteuil style Louis XVI jusqu'a ce nouvel espace de liberté et, enfouie dans la couverture couleur prune, elle se laisse aller .Seize ans, et déjà là, grand mère, dans son fauteuil, à regarder dehors.
     
    Dehors, il y avait cet oiseau, noir, découpé sur le ciel bleu pâle du matin. Chasseur, il fait de grands cercles.  Puis il s'arrête , stable, entre deux courants d'air, cerf volant.
     
    Elle aussi tourne, mais n'a pas de gibier. Elle n'en cherche plus d'ailleurs. Animal domestique ayant déjà tant de choses à sa portée.
     

    Un deuxième oiseau apparaît, une deuxième toupie.
    Ils se mettent à même niveau. Danseurs, partagés entre plaisir de rester ensembles et celui de partir, loin, si loin, ne jamais revenir, car la liberté leur appartient.
      Elle pense qu'eux aussi, sont volatiles. Tellement proches, mais pourtant si distants, en tout. Jamais elle n'aurait donné sa liberté. Et il le savait ; parce que pour lui, c'était pareil. Ce serait bien, pendant un temps, ensembles, entre deux courants. Mais le vent tourne .Et c'est très bien comme ça. Et déjà les oiseaux partent se perdre dans les  nuages là bas, à l'horizon.
     
    Elle ferme la fenêtre. Les courants d'air, c'est comme ça qu'on attrape froid.

     

     

     

                    "When the days they seem to fall through you, well just let them go"


     

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